VULGAIRE !

Voici un texte de Michel Bühler ou plutôt une chanson écrite par cet écrivain chansonnier Suisse, dont les disques sont difficilement accessibles aujourd’hui hormis sur son site personnel….

Davantage dans la tradition des auteurs compositeurs interprètes que dans celle du rap, celle ci remet en place d’une façon extrêmement actuelle les　canons　 de la « 　Vraie Vulgarité　 » de notre époque….

　

Elle avait les lèvres pincées

En anus de gallinacés

Moi, je rangeais ma « 　gratte　 », mes affaires

A la fin d’un concert

L’est venue me parler d’une de mes chansons

Où j’avais du dire « 　bite　 » et « 　con　 »

Peut être même « 　couilles　 », enfin des mots

Qu’on trouve pas dans les dicos

Je pense qu’elle s’était d’ailleurs

Trompée d’endroit et de soir　:

Les gonzesses en tailleur

Ca vient rarement me voir

Bref elle m’a dit ceci

Comme si j’avais été

Une crotte sur un tapis

Un cheveu gras dans son thé　:

« 　Dans vos couplets sommaires

Vous visez au plus bas,

Monsieur, vous êtes vulgaire　:

Je ne vous salue pas　 »

L’a tourné les talons

Toute fière et toute seule

Moi je l’ai rappelée…Ah　! non

Tu te fous de ma gueule　!

Dire « 　foutre　 » et « 　cul　 » c’est peut être osé

Tout ce que tu veux　: leste ou salé

Mais la vulgarité ça n’a

Rien à voir avec ça　!

C’est par exemple mettre sans broncher

Mille ouvriers sur le pavé

Tandis qu’en Bourse les actions montent

Et ne pas en avoir honte

C’est comme à Managua

N’offrir aux filles hâves

En zone franche là bas

Qu’un salaire d’esclave.

C’est réduire à plus rien

L’aide minable déjà　

Que la vieille qui tend la main

Espère chaque mois

C’est limer les crédits

De l’Ecole Publique

Et tant pis pour qui vit

Dans des quartiers merdiques

C’est dire comme certains

Que celui qui est dans la misère

C’est au fond qu’il le veut bien…

Ca, c’est vulgaire　!

Vulgaire　? Tu vois pour moi c’est pas

Bouffer ses nouilles avec ses doigts,

Péter au bal de la Duchesse,

Ou te foutre la main aux fesses,

Mais c’est répandre l’idée abjecte

Que la médecine…ça s’achète,

Qu’il y en a une pour les rupins

Et puis une autre pour les chiens.

C’est polluer les têtes

De nos rejetons mignons

Avec une culture faite

Pour piquer leur pognon

C’est faire croire aux petits

Sans défense et tout beaux

Que le Bonheur c’est Barbie

Coca, Mickey, Mac Do　!

Vulgaire c’est m’imposer

Sous couvert de commerce

De la barbaque bourrée

D’hormones les plus diverses

C’est breveter la Vie,

Prendre l’Eau, bientôt l’Air

Pour en tirer profit　:

Ca　!…c’est vulgaire

　

Vulgaire, c’est titrer à la Une

Sur le mariage et la fortune

Des stars　: dents blanches et peau bronzée

Dans leurs ghettos dorés.

C’est affirmer haut et dur

Que ce monde conduit par des ordures

Est le seul possible aujourd’hui

Et que j’ai plus qu’à m’écraser

C’est la raison d’Etat

Et ses atrocités

L’Afrique qui se noie

Le Tibet sacrifié

Ce sont les Maffias qui rient

De toutes leurs dents en or

Et c’est la barbarie

De la peine de Mort

Ce sont les enfants d’Irak

De Gaza et de Timor

Qu’on étouffe et qu’on traque

Depuis dix mille aurores…

C’est enfin commencer

Ce joyeux millénaire

Avec nos mains tachées

En acceptant la Guerre

Et l’Homme tel qu’il est,

Sans refus, sans colère

Sans l’envie de gerber

Ca….c’est Vulgaire　!

 

Cette chanson et son enregistrement datent en effet de 2000　!

Déjà près de 10% de ce XXI° siècle se sont écoulés, et il ne semble pas que l’on ait observé le moindre changement ni dans les comportement ni dans les mentalités　!….De plus en plus Vulgaires en somme　!

En tous cas, merci Michel Bühler pour ce texte auquel il n’y a pas une virgule à changer, et qui mérite bien une « 　page de silence　 »　!