Un Noël pas très conventionnel, dans une version poétique, contemporaine et un peu familière tout de même…..
L’Auteur?….Bernard Dimey….Celui qui par ailleurs écrivit « Syracuse » pour Henri Salvador, « Mon Truc en Plumes » pour Zizi Jeanmaire, « Memère » pour Michel Simon et même « L’Amour et la Guerre » pour Charles Aznavour…entre autres!
Bernard Dimey restera parmi les poètes du XX° siècle aux côtés de Prévert ou de Vian….Eternel angoissé par la Vie qui lui filait entre les doigts au fil de ses excès, il était une des figures de la Place du Tertre dont il avait fait son refuge, et plus largement de tous les quartiers de Paris dans lesquels il déambulait des nuits entières: son carton à dessins sous le bras dans lequel ses croquis se mélangeaient avec les bribes de poèmes ou les traits de genie qui lui venaient à l’esprit dans le feu de ses ivresses .
« Quand on n’a que son cul, mais qu’on a la jeunesse….On a l’Île aux Trésors à portée de la main »….. proclamait il….Et celui qui peut écrire une telle phrase ne peut pas espérer faire de vieux os, c’est évident!….
En tous cas, nous sommes sans doute encore quelques uns qui n’avons pas oublié ce matin du 1°Juillet 1981 où la nouvelle de sa mort à l’Hopital Bichat nous rattrapa sur le coup de 5 heures du matin au « Palmier », à l’angle de la Place Blanche et de la Rue de Bruxelles…..Il n’avait pas tout à fait 50 ans…..
Alors puisque c’est Noël, et que voici le temps des cadeaux, voilà donc celui que je dédie à mes lecteurs et par le truchement de Bernard Dimey…..
C’est Noël ce soir, eh! Marie
Va falloir que tu fasses le p’tit
Il est pas loin d’onze heures et d’ mie
Ne t’endors pas sur le rôti
Le christianisme, il faut se l’faire
Dans une demie heure: c’est parti
Et comme c’est toi qui s’ra la mère
Faut tout d’même que tu fass’ le p’tit !
Si j’avais su qu’ tu soyes une sainte
Dès l’premier jour, moi j’srais parti
Mais maint’nant ça y est, t’es enceinte
C’ que t’as d’mieux à faire, c’est le p’tit
Je sais bien, la paille est pas sèche
L’ bourricot à l’air abruti
L’ boeuf aussi….Tu parles d’une crèche
N’empêche qu’il faut qu’tu fass’ le p’tit !
Y a d’jà les bergers qui rappliquent
Faut pas les laisser v’nir pour rien
C’est pas grave, mais ça s’rait pas chic
C’est des bergers, c’est pas des chiens !
Ca t’gêne que les bestiaux t’regardent ?
I’ n’voient presque rien…il fait nuit
Mais à présent faut plus qu’ tu tardes
Faut t’démerder de l’faire ce p’tit !
Si tu accouches après les fêtes
Ca s’ra fini, ça s’ra foutu
Tu n’en fais jamais qu’à ta tête,
Marie, je n’te l’ répet’rai plus!
Tu t’conduis comme une vraie pucelle
Ecoute un p’tit peu c’que j’te dis
Tu vas gâcher la nuit d’ Noël
Si tu fais pas tout d’suite le p’tit
Enfin ça y est, t’es raisonable
Te tracass’ pas, tout s’ pass’ra bien
Dès qu’t’as fini, moi j’passe à table
J’bouff’rai tout seul, y a presque rien
C’est pas marrant, mais faut qu’ça s’fasse
Encore un p’tit coup, c’est gagnant
Ca y est, vlà l’auréole qui passe…
Il est né le Divin Enfant !
Oh, c’est trop beau ! Je la garde dans mes tablettes. Bonnes fêtes à vous, un immense merci, sieur Chat, de votre fidélité à l’humour et de votre constance à nous réjouir… et à nous éclairer, souvent, d’un jour nouveau.
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