Chaque année en effet le Salon de l’Agriculture à la Porte de Versailles constitue une épreuve pour tous les politiques qui doivent affronter, quasiment sur leur terrain les éleveurs et les agriculteurs dont l’existence et la survie se fait d’année en année de plus en plus problématique….Et cette année s’avère particulièrement problématique sur le plan de la confrontation entre Monsieur Le Foll le Ministre de L’Agriculture et les exposants du Salon qui sont déjà venus le visiter à domicile et en pleine nuit….Quand on aime on n’attend pas!…..Allez!…un petit sourire!…Tant qu’on y est !
Et pourtant la tradition impose depuis toujours, comme un passage obligé que tous les Présidents viennent , par la force des choses se montrer tel qu’en eux mêmes , sans pouvoir rien travestir de leur nature profonde…
Ainsi donc, si François Mitterrand avait l’air de s’y ennuyer profondément, Jacques Chirac en revanche y paraissait réellement dans son élément et paraissait goûter sans retenue les rillettes autant que tous les saucissons qu’on lui offrait ou qui lui passaient sous le nez…Tandis que dans l’autre main un verre de bière virevoltait….Epatant tout le monde par son appétit et sa bonne humeur, il était dans son élément !….
Nicolas Sarkozy en revanche y a vécu un épisode qui pèse encore lourd dans son Histoire , puisque lui même a reconnu bien plus tard, dans son livre qu’il admettait le fait d’avoir lancé un « Casse toi Pov’ Con » qui est devenu désormais un mot d’anthologie, à l’égard d’un pauvre gars lors de sa visite au Salon de L’Agriculture, avait été une erreur…( Même pas comme une impolitesse!) .
François Hollande quant à lui,après qu’il ait visité une exploitation rurale spécialisée dans la production de bovins,a commis commis lors d’une visite au Salon de L’Agriculture une erreur qui est un véritable classique chez tous nos politiques lorsqu’ils en arrivent à confondre Elevage et Agriculture, notamment, lorsqu’il aura déclaré » Il faut valoriser le cheptel parce que sans le cheptel il ne peut y avoir d’Agriculture « …..Autant dire : qu’est ce qu’on pourrait bien faire du foin s’il n’y avait pas les vaches pour le bouffer !
Et voilà bien pourquoi, je vous propose la lecture d’ un poème de mon vieil ami Pierre Jean Vaillard, aujourd’hui disparu sur ce même thème …..
Ce petit morceau d’anthologie m’avait à l’époque beaucoup amusé , il retrouve ici un nouvel à propos, en venant témoigner de l’ignorance des choses de la terre par ceux là même qui sont chargés de veiller à la prospérité tant de nos éleveurs que de nos agriculteurs…..
Il fut écrit un jour qu’un conseiller quelconque, et membre d’une Assemblée départementale quelconque se prit à évoquer les « récoltes » de Viande…..Sous prétexte peut être que l’on « abat » bien les arbres !…..
Et il faut pourtant penser que cette confusion doit être coutumière puisque je me souviens très bien d’avoir assité à une intervention d’une Conseillère Municipale d’Opposition dOrléans (Que je ne nommerai pas pour cette fois) mais dont il me revient bien qu’elle avait évoqué sinon la cueillette des steaks pour les cantines scolaires, mais plus probablement » l’élevage » des salades ces carottes ou des choux fleur !….)
LA VIANDE SE RECOLTE
I
Au cours d’une session du Conseil Général,
Un Conseiller frappa de son poing sur la table,
Et, cherchant dans sa tête un effet théâtral.
Il prononça des mots pour le moins mémorables .
Abordant un sujet peu fait pour égayer
Le prix de ce bifteck qui fait notre amertume,
Et comparant alors me bétail ;aux légumes,
« La viande se récolte » a dit un Conseiller.
II
« La viande se récolte… » Oh ! phrase de poète,
S’il faisait beau, ma mie, nous irions tout de go
Cueillir des entrecôtes et glaner des gigots,
Nous irions dans les bois chercher des côtelettes,
Mais Octobre et la pluie, mes jardins ont mouillé
Dans le verger frileux, les faux-filets se penchent,
Et les rognons de veaux frémissent sous les branches….
« La viande se récolte », a dit un Conseiller.
III
Quand reviendra le temps où fleurit l’andouillette,
Quand nous écraserons des jambons sous nos pieds,
Quand il nous tombera des biftecks sur la tête,
Lorsque nous secouerons le tronc du bifteckier,
Je cueillerai pour toi, pour mettre à mon corsage,
Un saucisson des champs, puis au creux d’un sentier,
Nous ferons des bouquets d’escalopes sauvages,
« La viande se récolte », a dit un Conseiller.
IV
Le soir, dans mon verger, où pousseront superbes,
Des émincés de veau taillés comme des ifs,
Je chargerai tes bras de saucisses en gerbe,
Et nous ferons l’amour à l’ombre des rosbifs,
Enfin nous reviendrons parmi les côtelettes,
Cueillant négligemment des grappes de gésiers,
Nous aurons le parfum des pieds panés en tête,
« La viande se récolte », a dit un Conseiller.
V
« La viande se récolte… » Oh ! prends ton luth , poète,
Imagine un instant ce bouleversement,
S’il arrivait qu’un jour de semblables cueillettes,
Que se passerait il alors, inversement ?….
Peut être verrions nous des troupeaux de courgettes,
Aller vers l’abattoir, et le long des sentiers,
Des troupeaux de patates agitant leurs clochettes,
« La viande se récolte », a dit un Conseiller.
VI
Femmes ! Ne stockez plus, ne faites plus de chaînes,
Messieurs les Conseillers ne sont point des feignants,
Prenez donc vos paniers et partez dans nos plaines,
Vous reviendrez ployant sous des biftecks saignants
Pendant ce temps, faisant des repas de misère,
Les « Messieurs Compétents » d’un geste familier,
S’en iront peloter leurs tendres secrétaires…..
« La viande se récolte », a dit un Conseiller.