Pour ceux qui se sont étonnés de constater au fil des mois que la Bretagne soit devenue au fil du temps une sorte de terre de Résistance face aux initiatives gouvernementales, qu’il s’agisse de la destruction des portiques d’Ecotaxe, il y a quelques années déjà jusqu’à la révolte des producteurs et des éleveurs qui continue de nos jours…..On peut remarquer que depuis déjà bien longtemps, comme en témoigne la carte postale ancienne publiée ci dessous les terres d’Armor n’ont pas entretenu les meilleurs rapports avec les Socialistes….Parce qu’enfin transformer la Foire aux Cochons en « Foire aux Socialistes » ne témoignait sans doute pas d’une extrême bienveillance…..Déjà à cette époque!
Il y a un siècle, à chaque début de mois, le village de Plouha était le théâtre d’une foire aux cochons baptisée « la foire aux socialistes ». L’emplacement de ce marché se trouvait, au niveau de l’actuelle mairie, sur un terrain vaste et bordé d’arbres.
Il semble que le parallèle entre les socialistes et les porcs ne soit pas propre à Plouha mais plutôt au Goëlo, le terme « marché au socialiste » étant également présent à Kerfot (voir la carte) et, semble t’-il, à Lanvollon…….
La définition du socialisme de l’époque n’est pas celle que l’on peut entendre de nos jours. A l’échelle européenne deux courants s’affrontaient. Celui centralisateur (« modéré ») de Marx qui triomphera en Russie en 1917 et celui libertaire (« radical ») de Bakounine qui connu un cours succès en Espagne . En France également, deux courants de pensées s’affrontaient. D’une part Millerand, qui devint Président de la République (proche des radicaux socialistes) et d’autre part Jaurès et Cachin (héritiers des communistes). L’un des reproches fait le plus souvent au premier étant d’être membre du même gouvernement que « des massacreurs de la Communes » et donc de renier ses idéaux en échange de pouvoir…. Cette critique, pourrait renvoyer dans l’imagerie populaire aux porcs qui, en bons omnivores, ne font pas de difficultés lorsqu’il s’agit de se nourrir….Elle pourrait s’appliquer aussi à certains autres, et qui en contact aujourd’hui avec les Palais dorés de la République, ont oublié leurs convictions de naguère, et pour lesquels le Socialisme n’aura été qu’une échelle qu’ils auront utilisé pour y parvenir et qu’ils auront jeté derrière eux après qu’elle leur eut servi…..
Une deuxième hypothèse pourrait venir du deuxième courant. Directeur de « L’Humanité » et important cadre de la SFIO puis, suite au Congrès de Tours, du Parti Communiste, Marcel Cachin est né à Plourivo en 1869 !… Dès lors il pourrait s’agir d’un parallèle entre les tiraillements permanents que connaissaient les socialistes ajoutés au fait qu’un enfant de Plourivo soit aller se jeter dans la mêlée ….
Une troisième explication peut simplement résider dans un mépris des marchands envers les idées novatrices émergentes (les socialistes allemands étaient devenus le premier parti au parlement, et l’affaire Dreyfus par la plume de Zola y avait largement contribué.)
Enfin, une quatrième hypothèse pourrait simplement être liée à la sociologie politique. La Bretagne était fortement divisée lors de la révolution française. Les estuaires de la Loire et de la Rance étaient « bleues » de même qu’une zone comprise entre Lorient, St Brieuc, Morlaix et Douarnenez. Ce secteur devient ensuite « rouge » ou plutôt socialiste, lorsque le royalisme et le bonapartisme ne furent plus que conservatisme. Or la vallée du Leff (Quintin – Châtelaudren – Lanvollon – Pontrieux), était, et reste toujours, une zone conservatrice. On peut imaginer alors que les habitants de ces villes et des campagnes environnantes pouvaient affubler leurs voisins de sobriquets en raison de leurs idées. Auquel cas, le terme « foire aux socialistes » ne se référait pas aux porcs mais plutôt aux populations des territoires accueillant ces marchés……Ce qui n’était d’ailleurs pas plus flatteur pour les uns, que pour les autres !
Tout cela est bien vieux, me direz vous ?…..Sans doute et il n’y a pas à épiloguer sur le passé, sauf à rechercher dans les évènements du présent les conséquences de ce passé….
Sans doute aujourd’hui les Cochons des Champs ont essaimé et laissé à ceux qui sont devenus au fil du temps, les Cochons des Villes quelques chromosomes tenaces….Nous pouvons toutefois noter que la rupture entre ces Cochons aux origines communes mais aux destinées diverses apparaît aujourd’hui totalement consommée…..
De nos jours , et alors que les Socialistes sont en voie d’extinction, il serait sans doute injuste d’en rajouter sur le thème…il nous faut simplement admettre l’idée que les Cochons qui continuent de patauger dans la « Chose Publique » continuent de se démultiplier ….Cochons de Droite, Cochons de Gauche ou même Cochons du Centre… Tous auront fait de nous des Cochons de Payants…..
Le danger venant de la Bretagne aujourd’hui n’ arrive d’ailleurs plus que depuis la terre comme naguère mais aussi par la mer, et quand le cochon se fait maquereau, il se présente en boîte… Alors faites vous plaisir !…